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Nouvelle politique générale de Défense : l’industrie doit réformer son business model

En collaboration avec Guillaume Martinez

Le Livre Blanc 2013 sur la Défense et la sécurité nationale a pour objectif de mettre en cohérence les objectifs stratégiques, les capacités opérationnelles et les contraintes budgétaires de la Défense française.

Si les propositions concernant les forces armées sont désormais clarifiées, elles consistent pour l’essentiel en un transfert, à budget constant, d’effectifs et de moyens vers trois axes prioritaires : la cyber-défense, le renseignement – deux axes déjà identifiés en 2008 – et les forces spéciales. Quels sont alors les enjeux, les conséquences et les difficultés de mise en œuvre, pour l’industrie de Défense qui regroupe plus de 4 000 entreprises en France  ?

Exporter vers des marchés en croissance

Alors que les situations de crise se multiplient et que l’éventail de menaces s’élargit, les industries européennes sont prises en tenaille entre la baisse tendancielle des budgets et commandes d’Etat, et l’agressivité commerciale des firmes américaines ou des acteurs issus des pays émergents. Pour autant, le contexte atone du marché européen contraint les acteurs du secteur à considérer les exportations comme un élément central de leurs modèles commerciaux. Leur priorité immédiate est simple : vendre sur les marchés en croissance, en Asie, au Moyen-Orient et en Amérique Latine.

Renforcer la performance opérationnelle pour maintenir ses capacités d’innovation

Les industriels n’ont aujourd’hui d’autres choix que de proposer de nouveaux produits exportables répondant aux besoins des différentes armées. Il convient également qu’ils réduisent leurs coûts de développement et de production, notamment en simplifiant les spécifications, en allongeant les séries et en développant des accords de coopération aux niveaux français et européen. Parallèlement, ils ont intérêt à faire évoluer leurs offres vers plus de services intégrés, comme le maintien en condition opérationnelle, et à se tourner vers les marchés les plus porteurs mis en avant dans le Livre Blanc, dont la protection des voies maritimes, les systèmes intégrés de commandement et de contrôle, ainsi que la cyber sécurité.

La capacité de projection des entreprises hors du marché d’attache se heurte néanmoins à la fragmentation de l’industrie française et au transfert de technologies demandé par les pays émergents. Sur ce point, l’absence de nouveaux programmes domestiques de développement implique qu’une baisse des investissements en matière de R&D est à prévoir. Le secteur risque donc de perdre progressivement son avance technologique qui permettait justement de composer avec les exigences de compensation.

Consolider les industriels de la Défense

On pourrait croire que la diminution des ressources étatiques favorise des rapprochements entre industriels, ou entre pays. Il n’en est rien pour le moment. Pour autant, l’Europe devra prendre des initiatives sur les procédures d’achats publics afin de faire émerger un marché européen de défense et éviter notamment, que les concurrents américains, protégés par le « Buy American Act » sur leur territoire, se trouvent en situation d’égalité avec les industriels européens sur le vieux continent.

La consolidation des principaux acteurs de l’industrie européenne aura-t-elle lieu ? Aux Etats-Unis, la consolidation s’est effectuée au pas de charge dans les années 90, avec l’encouragement et le soutien du gouvernement américain. Plus de cinquante groupes ont fusionné pour aboutir à cinq maîtres d’œuvre : Boeing, Lockheed Martin, Northrop Grumman, General Dynamics et Raytheon. Ces fusions se sont accompagnées de sorties d’activités massives qui ont généré, avec l’aide de fonds d’investissement, l’émergence de nouveaux fournisseurs centrés sur les technologies clés indispensables à ces cinq acteurs principaux. Avec le recul, cette dynamique a été fondamentalement vertueuse pour les sociétés ainsi regroupées : loin d’être cantonnées à des rôles de sous-traitants captifs, elles se sont retrouvées en première ligne face à de multiples clients.

L’Europe, dont les budgets réunis sont nettement inférieurs, compte toujours un certain nombre de grands constructeurs et l’Etat français, présent directement ou indirectement au capital de la majorité des grands acteurs français de Défense, doit composer avec trois objectifs contradictoires : développer la concurrence pour obtenir les meilleurs prix, construire des champions industriels nationaux et garder le contrôle de son industrie pour sécuriser l’approvisionnement en équipements critiques.

La question reste donc ouverte et, dans ce contexte, rappelons que l’appui du monde financier est nécessaire pour accompagner ce type de consolidation sectorielle. Certains fonds spécialisés existent déjà en France, Aerofund par exemple, mais d’autres sont encore attendus.

Si ce sujet vous intéresse et que vous souhaitez en savoir plus, n’hésitez pas à me contacter ou à contacter Guillaume associé M&A transaction services.


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